samedi 29 septembre 2012

Voyage d’étude à Bolzano : ce que nos élus ne disent pas !

Les 27 et 28 août dernier, une délégation d’élus (13 !) de la Métro, de la CCMV et des communes traversées par le projet de téléporté vers le Vercors s’est rendue à Bolzano, dans le Tyrol italien, pour un voyage d’étude du téléphérique de Renon. En Italie, finies les divergences droite, divers droite, communistes, socialistes et apparentés, tous se côtoient dans une ambiance bonne enfant !

À la sortie, le discours est dithyrambique. Le rouleau compresseur médiatique orchestré par la Métro se remet également en marche après une courte pause estivale, s’ensuit une apologie dans les règles : double page dans le Dauphiné Libéré du 31 août (le journaliste était cordialement invité à faire également le voyage à Bolzano), double page dans le Métroscope, communiqué, vidéo sur le site de la Métro

La Métro joue également les VRP de luxe pour tenter de convaincre les irréductibles Saint-Nizards, absents du déplacement en Italie. La glorification du câble est toutefois à mesurer par ce que nos élus n’ont pas voulu nous dire !

Bolzano : une région organisée autour du câble depuis 100 ans !

Nous citons - Jean-Paul Gouttenoire, maire de Lans-en-Vercors - : « rien ne m’a déplu, tout m’a plu dans ce que j’ai vu à Bolzano, où les habitants se sont parfaitement approprié le téléphérique, qui participe au développement durable du territoire ». Dauphiné Libéré du vendredi 31 août 2012.

La liaison Bolzano-Renon existe depuis 105 ans sans discontinuer ! Et tout, depuis des décennies, est organisé par rapport à ce mode de transport : habitudes de déplacement, densité de l’habitat, infrastructures, tourisme… Le Vercors est différent. Au point d’arrivée de la gare prévue à Lans-en-Vercors les structures hôtelières sont peu nombreuses, l’habitat est dispersé : la voiture ‘obligatoire’ pour rentrer chez soi ; quant aux points d’arrivée dans l‘agglo, c’est pire… La ville de Bolzano est très compacte rapportée au bassin grenoblois (100 000 habitants contre 450 000). Pas grand-chose à voir contrairement aux belles histoires qu’on nous conte.

Alors que l’agglomération grenobloise cherche à faire revivre le lointain souvenir du tramway de Grenoble à Villard-de-Lans sacrifié sur l’autel du transport par la route, la ville de Bolzano donc ne redécouvre pas ce type de service puisque la liaison Bolzano - Renon en est à sa troisième génération d’appareil. Le téléphériques 3S (pour trois câbles : 1 tracteur et 2 porteurs) actuel construit en 2007 a en effet succédé à un premier téléphérique à va et vient construit en 1966 lui-même précédé d’une ligne de chemin de fer à crémaillère inaugurée en 1907.

Par ailleurs, la ville de Bolzano est équipée de trois téléphériques (funivia del Colle, funivia di San Genesio, funivia del Renon) et deux funiculaires (funicolare del Guncina et funicolare del Virgolo) utiles en raison des caractéristiques locales.


source : (c) Leitner (congrès OITAF, 2011)

Temps gagné sur la voiture : à Bolzano 15’ / dans le Vercors 0’ !


Contrairement à la liaison vers le Vercors, le téléphérique du Renon répond à vrai défi de diminution de temps de parcours. Le temps de parcours minimum du téléphérique est en effet de 11 minutes contre 26 minutes pour un trajet par la route. Le temps d’attente en gare est au maximum de 4 minutes (intervalle approximatif de départ des cabines). L’usager met donc au plus 15 minutes pour effectuer son trajet.
Par contre le trajet par câble entre Fontaine et Lans-en-Vercors est estimé à 30 minutes sans le temps de cadencement (attente entre deux cabines). Il est au mieux équivalent à une liaison en voiture.


Marc Baïetto veut un ‘câble 3S’ : un budget qui saute de 50 M€ à 100 M€ !

Nous citons - Marc Baietto, président de la CA Grenoble Alpes Métropole - : « alors que l’on hésitait entre deux systèmes de transport par câble, je suis convaincu qu’il nous faut le même système qu’à Bolzano, à savoir un téléphérique débrayable 3S ». Dauphiné libéré du vendredi 31 août 2012

Rappelons que l’ancienne installation était un téléphérique va et vient, ce qui compte tenu de la longueur de la ligne (4,5 km) n’offrait qu’une capacité de transport limitée à 250 personnes par heure par sens de circulation.

Le choix de la société des transports de Bolzano s'est porté sur un appareil à mouvement unidirectionnel permettant d'assurer un débit adapté et continu. Néanmoins, la nouvelle installation est tout sauf … performante : 500 personnes par heure aujourd’hui, 800 personnes par heure dans sa configuration définitive…soit 3 fois moins que ce qui est envisagé à Fontaine (2 400 personnes par heure, une cabine toute les 30 secondes). Aussi, si l’on utilise le système de Bolzano à trois câbles avec des cabines de 35 places, un débit de minimum 2 400 personnes par heure pour les heures de pointes, il faudra compter simplement sur un budget égal au … double de celui qui est prévu c'est-à-dire 90 à 100 M€ au lieu des 40/50 M€ prévus initialement. Personne n’a évoqué ce surcoût potentiel ?

Pour exemple, le téléphérique des Prodains permettant la liaison avec Avoriaz actuellement en construction représente le plus gros investissement de la montagne française pour cette année 2012 avec un budget de 24 millions d'euros….or, il ne cumule qu’une distance de 1700 mètres sans gare intermédiaire …

Pour clore, Poma n'a jamais développé la technologie 3S. Peut-être des études supplémentaires et un surcoût en perspective…

À Bolzano on arrive à pied d’œuvre, dans le Vercors on marche !

Nous citons - Jean-Paul Gouttenoire, maire de Lans-en-Vercors - : « je crois qu’il faut construire la station d’arrivée à proximité de la magie des automates, où ça n’impacte pas les maisons. Il faut prévoir un parking souterrain et une gare routière puisque des navettes devront desservir le plateau ». Dauphiné libéré du vendredi 31 août 2012

Le brave homme que voilà, qui probablement va y aller de sa poche, ou de celle de ses administrés, pour financer ces babioles. Au fait Lans-en-Vercors n’a-t-elle pas déjà été sous tutelle de l’Etat pour la gestion catastrophique de son budget ?
Des lantiers avaient discuté de ce problème de manière intéressante : http://forum.vercors.org/viewtopic.php?f=12&t=1552
Il y a quelques années, la cours des comptes n'avait pas épargné non plus la commune de Villard-de-Lans : http://lessor.fr/2011/02/24/domaine-skiables-eviter-les-derapages/  

À Bolzano, les gares amont et aval reprennent les mêmes emplacements que les bâtiments du précédant téléphérique. La station aval est située au cœur de la ville près de la gare de chemin de fer (10 minutes à pied), à proximité de nombreux immeubles d'habitations. La gare amont se trouve sur le plateau du Renon, à « Supra Bolzano », à 1221 mètres d'altitude. 6 hôtels se trouvent à proximité immédiate (à pied) de la gare d’arrivée.

Ici, pas d’arrêt en rase campagne comme on nous le prévoit avec le terminus au musée des automates à Lans-en-Vercors ou la gare intermédiaire au Goulet à Saint-Nizier.

Des billets combinés sont proposés au guichet de la remontée avec le train à voie métrique du plateau du Renon. Le train du plateau du Renon qui subsiste aujourd'hui n'est d'ailleurs rien d'autre que le prolongement de cette ligne. Des bus vous transportent à la station de ski située quelques kilomètres plus haut.

Ici, pas de difficulté majeure pour développer du transport combiné puisque la chaîne de transport est déjà organisée.

Il est à noter aussi qu’en Italie la hauteur de survol n’est juridiquement pas limitée au contraire de la France où les distances de sécurité par rapport aux bâtiments susceptibles de présenter un risque d'incendie sont encadrées (guide RM2) : 20 mètres verticalement, 8 mètres horizontalement.

Ici, pas d’expropriation ou de conventionnement comme cela peut être envisagé pour les habitants de la rue de l'abbé Vincent à Fontaine !




Un imbroglio financier qui va faire porter les risques au Public

Nous citons - Marc Baietto, président de la CA Grenoble Alpes Métropole - : « j’estime que la Métro est capable d’aller jusqu’à 15 millions d’euros pour financer un tel projet ; et j’espère que le Conseil Général comme le Vercors mettront la main à la poche ». Dauphiné Libéré du vendredi 31 août 2012.

Porte ouverte au partenariat public privé (PPP) … alors qu’au printemps, le président de la Métro insistait « on fera appel aux partenaires privés ». le projet semble évoluer inexorablement vers un financement de moins en moins privé et de plus en plus public. En cette période d’endettement public généralisé, la Métro n’étant pas en reste, on peut s’inquiéter.

Pari risqué ? Partager les coûts de construction entre une entité publique et un constructeur privé est en tout cas la solution que semble vouloir retenir la Métro à l’image du consortium public/privé mis en place pour construire le téléphérique de Bolzano.
En Italie, c'est le groupement Leitner - Seeste qui a remporté l'appel d'offre sur son concurrent Doppelmayr. Pour optimiser les coûts de construction et obtenir des propositions plus avantageuses, la Strutture Trasporto Alto Adige avait prévu au cahier des charges la création de 100 places de stationnement en gare aval avec une gestion confiée au titulaire du marché pour 40 années. Le coût de 16 millions a ainsi pu être ramené à 12,8 millions d'Euros pour la collectivité.

Rappelons que le partenariat public privé (PPP) est très contesté par la nouvelle majorité présidentielle … Alain Rousset, “hollandais” enthousiaste, de dire que l'appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement de service public faisait entrer les partenaires publics "dans un mécanisme d'endettement", Geneviève Fioraso ancienne élue communautaire de la Métro de dénoncer l'opacité de ces systèmes juridiques !

mercredi 26 septembre 2012

Pour entendre un autre son de cloche sur le câble

Bonjour,

La liste est longue des médias qui parlent positivement du projet de liaison par câble entre l'agglomération grenobloise et le plateau du Vercors. Trop longue. Nous voulons rendre compte sur ce blog d'arguments qui démontrent que tout n'est pas si merveilleux dans ce projet. A peu près sous tous ses aspects, il est même contraire à l'intérêt général. Alors que bizarrement il est soutenu par l'ensemble des supports de communication de la région. Soyons naïfs, étonnons-nous !
C'est pour cette raison que nous ne donnerons ici la parole qu'à ceux qui ont des arguments capables de démontrer en quoi ce projet est une absurdité du point de vue de l'intérêt général. Ecrivez-nous, on vous publiera.

Ce blog donc a pour vocation d'assurer un (petit) contrepoids démocratique face à la déferlante des enthousiastes de tout crin : élus, promoteurs, financiers, édiles en mal de reconnaissance, bétonneurs, groupes hôteliers, et même quelques écologistes égarés…

Les supporters du projet trouveront ailleurs de quoi exprimer leur farouche adhésion. Dans le désordre : Les Infos CCMV – Le Dauphiné Libéré – Grenews  Le Métroscope – Les Affiches – Le Journal du Parc Régional du Vercors – Isère magazine – Vercors TV –
Et on en passe que l'on ne connaît pas.

mardi 25 septembre 2012

La citation ou "Un modèle de journalisme"


Vincent Paulus (journaliste au Dauphiné Libéré), 31/08/2012 :
« Disons-le tout net : tout opposant au projet de transport par câble Grenoble-Vercors ne pourrait qu’y devenir favorable après avoir vu comment fonctionne celui de Bolzano ».

On apprend ça dans toutes les écoles de journalisme : rapporter les faits et surtout ne pas oublier de donner son avis ! Surtout s'il est dans la ligne.

Petite démonstration de propagande

Le journal du parc du Vercors nous en donne un exemple intéressant dans son numéro 63 paru cet été.
On a choisi cet exemple parce que la nature et ses défenseurs supposés, a priori on aime. Mais vous pourrez appliquer cette démonstration à de nombreux autres articles de la presse raisonnable.

Comment procède-t-on pour manipuler un lecteur peu au fait d'un sujet ?

Etape 1 : Mettre en confiance le lecteur sur sa parfaite neutralité
Surtout ne rien affirmer directement, avoir l'air de poser le problème en toute impartialité, en titillant même son "petit côté rebelle". Ce qui donne ici : Le transport par câble, illusion ou vraie alternative ?


On récapitule : un sujet "le transport par câble" ; une question ouverte "illusion ou vraie alternative ?"
Ce qu'on est en droit d'attendre avec un titre aussi contrasté [une illusion qu'ils disent ! Ils y vont fort ces "journalistes"] c'est qu'on nous présente les deux aspects du phénomène en question.
Le cerveau du lecteur est en confiance, il a déjà baissé la garde quand arrive la suite. Suite qui est d'un tout autre tonneau.


Etape 2 : Aligner des évidences supposées en faveur du projet
Lisons les intertitres et les phrases surlignées en gras : que du positif auquel il serait bien ingrat de résister. 
• Pensez un peu "lien territorial, lien économique, lien novateur". Vous êtes contre le lien vous ? Ah les affreux solitaires bougons !
• "Dans le sens du progrès" : elle est pas belle celle-là. Vous êtes contre le progrès ? Honte à vous espèce de rétrograde.
• Et quand on demande au maire de Sassenage ce qu'il en pense, des fois qu'il ait un avis contraire. C'est pas de chance lui aussi est ravi.


Etape 3 : Conclure en faisant disparaître la contradiction
Souvenez-vous dans le titre de la question à double versant : illusion ou vraie alternative ?
Au fait les arguments en faveur de l'illusion, ils sont passés où ? 
Pschitt… envolés, disparus. Devant tant de merveilleuses perspectives, on ne va pas embrouiller le lecteur avec des vraies questions. Restons civil, citoyen et solidaire.


Ce qui nous donne en conclusion l'apaisant "débats et engouement autour du projet…". Définition du mot "engouement" pour bien comprendre comment on nous suggère de débattre : "état de celui qui s'enthousiasme, qui éprouve une admiration vive et subite…"


Le lien pour télécharger le numéro 63 qui contient ce cas d'école :

Pour ceux qui ont du courage, lisez la totalité de l'article. Un bel exemple de langue de bois technocratique.

lundi 24 septembre 2012

samedi 22 septembre 2012

Déplacements domicile-travail : les chiffres !


Les différents acteurs de ce dossier nous promettent des études d’opportunité devant mettre en lumière la nécessité de se lancer dans l’aventure du câble à l’aune du changement climatique et de la civilisation post-carbone. Néanmoins, une ‘‘photographie’’(1) récente des déplacements de la grande région urbaine grenobloise pilotée par le syndicat mixte des transports en commun (smtc ), chef de file des transports urbains de l’agglomération, pose déjà la question de la pertinence :

Le Vercors ne représente que 2% des déplacements du territoire enquêté ; 1/4 seulement des déplacements du Vercors (9 700) vont vers la Métro alors que le Sud Grenoblois est concerné par 43 500 déplacements par jour avec ce territoire et le Grésivaudan 120 900 ! Le dernier recensement de l’INSEE montre, de plus, que 45% des actifs des communes de Lans-en-Vercors, Saint-Nizier et Villard de Lans travaillent sur le plateau (1 726 actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi pour un total de 3 837).(2)
Pariant, enfin, très fortement, sur une population captive des transports collectifs, l’étude montre que seulement 6% des déplacements se font aujourd’hui en transports collectifs, les habitants du Vercors réalisant près de 3 déplacements sur 4 en voiture.

Au regard des enjeux globaux d’aménagement du territoire de l’Y Grenoblois, il est donc opportun de s’interroger sur le bien-fondée de ce projet et de la pertinence de cet investissement au regard du volume de déplacement que représente l’entité Vercors. Les autres territoires voisins ne sont-ils pas des priorités plus évidentes de développement du transport public ?

D’autres sceptiques

D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls sceptiques.
Plusieurs élus communautaires de La Métro ont, ainsi, par voie de presse fait entendre leurs dissonances avec ce projet :
– Dauphiné Libéré du 03/04/2012 Jean-Yves Poirier, maire du Fontanil-Cornillon, s’étonne que « ce tracé soit considéré comme la priorité de l’agglomération ».
– Grenews du 24/03/2012, Renzo Sulli, maire d’Échirolles « Je suis sceptique, sur l’utilité de ce projet pour les habitants de l’agglomération grenobloise (...) ».