mercredi 9 janvier 2013

Après le gypaète barbu, le parc du Vercors réintroduit le pylône

Cher(e)s habitant(e)s du plateau du Vercors, vous trouverez, peut-être, dans les commerces et lieux institutionnels du parc régional du Vercors le dernier numéro (le 20) de la revue de la Fédération des Amis et Usagers du Parc Naturel Régional du Vercors (FAUP).

Après la belle leçon de propagande affichée dans la revue officielle du parc (numéro 63), voilà, toujours sous couvert d'ingénieuse écologie, la version développée par les affidés du parc. C'est la
 "Fédération des Amis et Usagers du Parc du Vercors" qui s'y colle. C'est une association indépendante qui réfléchit et agit... mais pas forcément pour protéger la nature, ni ses paysages.

Sous forme de lettre ouverte, Jeannot Reverbel, son président, par ailleurs verdoyant candidat EELV aux dernières élections cantonales dans la Drôme (la confusion des genres n'est pas nouvelle), nous explique depuis son Royans lointain en quoi le téléphérique est bon, essentiel même, pour nous habitants du Nord Vercors Isérois. Un pamphlet anti-automobile où le téléphérique apparaît comme la solution idyllique. Un texte plein de contradictions, à la limite du saugrenu ...

Nouveau credo : le bonheur est dans le câble

"Le bonheur de demain, c'est le téléporté. Vous devez comprendre collectivement cela et y adhérer. Nous autres écolos d'EELV nous allons vous aider à franchir ce pas indispensable pour sauvegarder l'illusion d'un projet démocratique et consensuel. Celui qui permettra à nos enfants d'aller au cinéma ou en discothèque à la grande ville, celui qui donnera de l'emploi à nos saisonniers, celui qui palliera aux nombreuses fermetures de route en hiver, celui qui ne coûtera quasiment rien en frais d'exploitation, celui qui offrira un accueil humain en gare, celui qui permettra aux familles défavorisées d'accéder à la montagne ... ". 
N'en jetez plus, on croule sous les joies annoncées. Ne reste qu'à trouver de quoi financer tout ça ou "Le bonheur est dans le prêt" (titre alternatif).

Morceaux choisis de cette prose conformiste et hallucinée, boboïsante dirait les mauvaises langues. 


• « Nous les travailleurs de la 'cuvette', utilisant quelques fois le stop et le covoiturage à défaut de transport public collectif, peuvent se permettre d'habiter en haut en y transférant leur pollution… » « … laissant celles ou ceux qui n'ont pas de voitures, notamment les jeunes et les moins riches, s'intoxiquer en bas ».

La vache ! on nous rejoue "Les Misérables". Affreux, nous sommes des affreux ! Et avec nous, tous ceux qui travaillant dans la 'cuvette' habitent en dehors. Culpabilisés jusqu'au trognon, dans un geste de générosité rédempteur, nous faisons don collectivement des 50 millions d'euros (minima envisagé) à tous les intoxiqués de la cuvette. Et qu'ils supplient leurs élus d'en faire bon usage pour alléger le niveau de pollution de celle-ci. On rappelle encore une fois que le trafic du Vercors représente 2% du volume des flux automobiles du bassin grenoblois.
Au passage, avant d'ajouter un nouveau mode de transport collectif, il faudrait s'interroger sur le faible succès rencontré par l'existant : à savoir le réseau de cars.

• « Changement sociétal s'il en est que de voir les gens descendre au travail ensemble, se rencontrer, échanger, se parler, se connaître ».

Là on est passé à "Oui-Oui et ses amis". Faudrait que notre homme fréquente une fois le RER et ses 'biens connus échanges passionnés entre passagers' avant que d'élucubrer sur le RER des Airs.

• « … sans avoir à risquer sa vie sur les routes tortueuses et dangereuses, et souvent fermées en hiver ».
Il est toujours délicat de parler de ce qu'on connaît mal. Décidément, il faudrait qu'il nous visite ce monsieur, confondre la route des gorges de La Bourne et les départementales qui relient le plateau à l'agglomération… Mais au fait, pourquoi n'a-t-il pas demandé à ce qu'on étudie un projet câble sur le tronçon Vercors Sud pour éviter comme il le dit justement « nous dépensons quelques 800 millions d'euros pour sécuriser les gorges de La Bourne… ». Un coup de fil à monsieur Jaussaud, grand spécialiste du projet de transport par câble, et l'affaire était pliée.

• « Le câble coûte 5 fois moins cher que la route ».
Doit-on préciser que ce "5 fois moins cher" ne vient pas à la place de la route, mais en plus. A moins qu'on décide de fermer les routes.

• « Les intérêts d'emprunt sont limités du fait du coût d'investissement très faible ».
S'il avait l'amabilité de nous rencarder sur la hauteur de ces coûts, parce qu'ici personne n'en sait trop rien. Les enchères ont débuté au doigt levé à 50 millions. Après réflexion, nous avons estimé l'investissement (technologie 3S et autres bricoles dues au terrain, à la nouveauté d'un tel projet…) à au moins 80 millions. Sur 30 ans, les intérêts d'emprunt atteindraient donc 100 millions. Une paille en effet.

Vivement que ce type d'écrit soit définitivement perdu dans les limbes comme le fut en son temps le communiqué de presse de François Nougier. La page demandée a été supprimée ou déplacée. Simple recadrage interne chez EELV ou bien l'éthique du téléphérique a viré de bord ?


Mais au fait, quelle est la finalité d'un parc naturel ?

Il est aimable de la part du PNRV de subventionner ce genre d’inepties (rappelons que "Le lien" nom du 'Journal des amis et usagers du Parc' est tiré sur papier recyclé à 2000 exemplaires), mais pourrait-on se rappeler qu'elle est la fonction première d'un parc naturel ?
« Les Parcs naturels régionaux sont créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités. Peut être classé “Parc naturel régional” un territoire à dominante rurale dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, mais dont l’équilibre est fragile. » 
Ce n'est pas de nous, c'est la Fédération des Parcs naturels régionaux qui l'écrit !

Serions-nous, ainsi, tel l'hydre bicéphale, un territoire exceptionnel, classé, mais le premier Parc Naturel à réintroduire une espèce pourchassée chez tous les autres : le pylône.